L'édition 2011 du salon international des jeux Spiel qui se tenait à Essen du 20 au 23 octobre aura été un très bon cru.
J'ai ramené pas moins de 21 jeux (dont 10 nouveautés)...

Cette année a été marquée par une affluence en retrait (147 000 visiteurs contre 154 000 l'an dernier) notamment dû au fait que le salon se tenait avant les vacances scolaires allemandes. Résultat : un salon très agréable les jeudis et vendredis, mais beaucoup trop blindé le samedi pour pouvoir vraiment en profiter :(

D'autre part, le salon continue de prendre de l'importance au niveau international (48% des exposants n'étaient pas allemands), avec une présence de plus en plus de pays européens. Ce qui pousse le salon dans de nouveaux halls, et l'annonce de pas moins de 750 jeux ! L'inconvénient, c'est qu'il devient de plus en plus difficile d'en faire le tour. On se consolera en se disant que si on a raté LE jeu du salon, celui-ci aura de fortes chances d'être réédité l'année d'après, et souvent en plus grosse quantité.

Contrepartie de cette production abondante de jeux : il y en a qui restent sur le carreau. A tel point que des jeux sortis l'année dernière étaient déjà bradés à 10€ ! Tant mieux pour les joueurs (j'ai pu ramener De Vulgari Eloquentia par exemple), mais c'est aussi dommage pour les auteurs et éditeurs qui ont dépensé leur énergie, sans résultat.

Il était peut-être un peu plus difficile de jouer que l'année dernière. J'ai toutefois pu essayer tout type de jeux. Voici mes impressions :

The City de Tom Lehmann chez Amigo est un Race for the Galaxy simplifié. C'est une réussite pour un jeu famillial (on retrouve les concepts de base, sans toute la complexité des actions et des icônes). Par contre, le hasard y a tout de même une bonne part, et il y a moins de possibilité de le gérer. Il faut donc le prendre pour ce qu'il est et il sera parfait pour initier des enfants à ce type de jeu. Pour ma part, comme il y a un peu de texte sur les cartes, j'attendrai l'arrivée d'une version française pour l'ajouter à ma ludothèque.

Dungeon Petz est une agréable surprise. Comme beaucoup, j'avais été déçu par Dungeon Lords. Alors qu'ici, on a un véritable jeu de gestion avec certes une petite part de hasard, mais surtout beaucoup de choix, de pression et même de l'interaction. Et cerise sur le gâteau, le jeu tourne superbement bien à trois, ce qui est plutôt rare. Un avis plus complet suivra sûrement dans les prochains mois quand j'aurai eu l'occasion d'y jouer à deux.

Aquileia chez Zoch n'a rien de convaincant. En gros, le jeu reprend la recette éprouvée du placement de pions comme dans Les Piliers de la Terre, et y ajoute une grosse dose de hasard dans la résolution de nombreuses actions, ce qui vient ruiner les bonnes idées du jeu (la gestion de trois monnaies par exemple).

Je passe sur Rumble in the house qui s'explique en une minute, se joue en deux, mais ne propose aucun choix, et qui n'a donc aucun intérêt (ils feraient mieux de rééditer Ab in den Pool).

Innovation paru chez Iello juste à temps, est un jeu de cartes de Carl Chudyk (l'auteur de Gloire de Rome). Là aussi, les cartes peuvent être utilisées de plusieurs façons, et ont de nombreux effets dont les conséquences sont difficiles à cerner lors de la première partie. A rejouer quelques parties donc avant d'avoir un avis un peu mieux défini.

Last call était un jeu que j'ai raté l'an dernier, et qui est très agréable à jouer. Sur un thème assez simple de réalisations de commandes de cocktails, il a l'avantage d'offrir des parties rapides, rythmées et pleines d'interaction. Son seul défaut, c'est d'être difficile à trouver en France.

Trajan de Stefan Feld aura été un des principaux buzz du salon (avec Tournay). J'en ai donc ramené une boîte. Après une première partie, on reconnaît la patte de l'auteur, mais le jeu est très froid avec un thème plaqué. Mais il y a un nombre important de façon de marquer des points de victoire, de très nombreux choix, et un mécanisme de choix des actions assez proches du système de la roue de Mac Gerdts. Bref, il y a du potentiel.

Upon a salty ocean est un jeu de gestion assez simple dans lequel les joueurs devront profiter du sel qu'ils produisent pour pêcher (et saler les poissons) et ainsi participer au développement de la ville de Rouen. La première partie à deux m'a laissé un peu sur ma faim, car ça manque de pression. A rejouer donc.

Les Italiens de Cranio étaient encore une fois présents avec cette fois-ci Dungeon Fighter. C'est un jeu d'exploration de donjon (dungeon crawl) qui suit le triptyque porte, monstre trésor, mais dans lequel les combats sont résolus en jetant les dés sur une cible placée sur la table. Les effets des salles, monstres et armes influent sur la façon de lancer le dé. Bref, c'est fun, on rigole, mais pour autant le jeu est difficile et tout jet raté est sanctionné par une perte de points de vie, ce qui fait tout de suite moins rire ;)

Infarkt fut une surprise : la boîte montrant une infirmière en panique, ne laisse pas du tout présager du jeu. C'est un jeu de gestion où il faut être le dernier survivant. Les joueurs doivent gérer leur santé à travers le diabète, la pression artérielle, le cancer, la dépression etc. Et toutes les actions que feront les joueurs influeront sur ces indicateurs (travailler permet de gagner de l'argent, mais cela fait déprimer. L'argent servira à acheter à manger et des médocs. Et au niveau de la nourriture, il y a de la bonne nourriture qui fera baisser les indicateurs, et la mauvaise que vous n'hésiterez pas à servir aux autres joueurs lorsque vous organiserez une petite fête chez vous, etc.). Il y a une part de hasard, le thème est glauque et les illustrations un peu flashy. Mais si on le prend pour ce qu'il est, c'est à dire pour passer un bon moment entre amis, c'est très bien.

Confusion est un jeu abstrait et de déduction pour deux joueurs de Robert Abbott (qui a aussi fait Code 777) assez particulier : vous devez amener des documents secrets dans le camp adverse, seulement vous ne savez pas comment se déplacent vos pièces, mais celles de l'adversaire. Un jeu où il est difficile de défendre et qui demande plusieurs parties pour être maîtrisé.

La nouvelle extension de Dominion, Hinterlands amène encore tout un lot de nouveautés, en jouant notamment sur la défausse des cartes. L'autre nouveauté c'est que certaines cartes produisent un effet dès qu'elles sont achetées. Bref, pour les fans du jeu, c'est extension est tout aussi réussie que les précédentes.

Enfin, l'équipe de Serious Poulp m'a présenté Steam Torpedo, un jeu de bataille de sous-marin pour deux joueurs. Un sous-marin est constitué de dix tuiles qui représentent ses compartiments avec des effets. La boîte de base permet de construire deux sous-marins, et des extensions arriveront prochainement pour étoffer tout ça. Le jeu a l'air prometteur, mais n'a toujours pas pu débarquer en boutique à cause d'un retard dans sa fabrication. On en reparle très prochainement.

Au final, une excellente édition pour moi (les deux années précédentes, j'étais moins enthousiaste), où j'ai ramené plein de bonnes choses, et où j'imagine je suis passé à côté de plein d'autres perles que je me procurerai dans les prochains mois.