Sorti lors du salon d'Essen 2011, Trajan avait fait grandement parler de lui, et finissait en tête du classement Fairplay (classement qui permet lors du salon d'identifier les jeux intéressants). Il aura fallu attend quelques mois pour le voir arriver en France par l'intermédiaire de Gigamic.

Sachant que c'est un jeu de Stefan Feld, auteur prolifique, ingénieux et innovant, on n'aborde pas Trajan comme un autre jeu. Certes il s'agit d'un jeu de gestion avec plein de cubes en bois, mais sa règle particulière et ses nombreuses façons de marquer des points de victoire demandent quelques parties pour l'apprivoiser.

Tout d'abord, ce qui déroute le plus au départ, c'est le mécanisme emprunté à l'Awele pour définir ses actions. Ajoutez à cela de devoir gérer au mieux les couleurs pour optimiser les bonus, et il y a de quoi prendre bien des migraines. Pourtant, pour espérer gagner, il faudra appendre à le maîtriser. Au passage c'est aussi par ce biais que se détermine le défilement du temps, et donc la fin des saisons, puis des années, ce qui a nécessairement un impact sur les choix des actions possibles.

Du côté du plateau central, pas forcément très beau, mais pour le moins fonctionnel, les choix seront là encore variés et difficiles : participer à la construction de Rome permettra d'obtenir de nombreux bonus (immédiats ou sous forme de points de victoire en fin de partie). Mais il ne faudra pas négliger le forum pour quelques bonus opportuns, notamment pour aider à gérer la demande du peuple en fin d'année. Car un peu à l'image des rats de Notre Dame, cette demande colle une certaine pression aux joueurs et les contraint encore plus dans leurs choix s'ils ne veulent pas perdre (trop) de points de victoire.
Evidemment il ne sera pas possible de tout faire dans le temps imparti, et des choix (souvent difficiles) seront à faire.

L'interaction est fortement présente. Que ce soit au niveau de la gestion du temps, la compétition pour les voix au Sénat, les campagnes militaires ou encore la construction de Rome, tous les moyens sont bons pour coller la pression aux adversaires. Et c'est tant mieux car ce n'est pas toujours le cas dans ce type de jeu allemand.

Bref vous l'aurez compris Trajan regorge de bonnes idées, mais qui sont au final toutes plaquées et donnent au jeu une certaine froideur, renforcée par la difficulté du jeu. Pour autant, si vous ne vous arrêtez pas au thème et que vous appréciez les belles mécaniques, vous ne serez pas déçu. Le jeu tourne à merveille, et de nombreuses stratégies sont possibles. De plus, il vous faudra plusieurs parties avant de maîtriser le jeu, gage d'une certaine longévité.
Les autres pourront lui reprocher que Trajan n'innove pas vraiment et n'est qu'un autre jeu de gestion allemand. C'est vrai, mais celui-ci a l'avantage d'être particulièrement réussi.
Enfin, sachez que le jeu tourne très bien à deux joueurs : parties plus rapides, avec plus de contrôle (au niveau des bonus de construction ou militaires notamment).