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Baron
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Le jeu des sacrifices
Voici un jeu dont il était possible de suivre les régulières évolutions, depuis Barre toi de mon fief à Baron, en passant par Le combat des fiefs et son prix au Concours de la ludothèque de Boulogne-Billancourt. En effet, Franz Gaudois diffusait son jeu gratuitement sur internet. Et il n'y avait pas que le nom qui a changé. Certaines règles furent améliorées, remaniées... Et même après la sortie commerciale du jeu, il a encore ajouté une variante.
Le jeu est finalement un placement de tuiles de valeur neutres (plaines), positives (+1, +2, +3) ou négatives (-1, -2). Les joueurs doivent élever des baronnies dans ce contexte mouvant, dont la valeur est égale à la somme des tuiles qui les entourent. Ils marquent alors autant de points de victoire que la valeur de leur baronnie. Si deux baronnies se diputent une même tuile, il y a combat, et la plus forte valeur (sans tenir compte des tuiles en commun entre les deux baronnies) l'emporte. En cas d'égalité, c'est la baronnie déjà en place qui gagne (logique par rapport au thème).
La pioche est semi-ouverte : les trois prochaines tuiles sont connues, mais seule la première est gratuite, pour prendre la deuxième ou la troisième tuile de la pioche, il faut payer des points de victoire (1 et 3 points respectivement, coût non négligeable donc).
La partie s'arrête quand toutes les tuiles ont été posées. Le joueur qui a le plus de points de victoire l'emporte.
L'avis de Guillaume
La règle est finalement assez simple : piocher une tuile, la poser, gérer les éventuels combats. Elle est bien écrite, et tous les cas particuliers de gestion des combats bénéficient d'exemples clairs. Bravo !
Tout l'intérêt du jeu se situe dans la tactique d'attaque des baronnies adverses. Il faut savoir choisir son angle d'attaque et bien percevoir les opportunités de placement. Toute erreur à ce niveau-là ne pardonne pas et peut conférer à l'adversaire un avantage qu'il sera enuite difficile de contrer.
J'ai eu l'occasion de jouer au jeu aux différents stades de sa conception, et j'ai donc vu principalement la règle de la pioche évoluer : Au départ, les joueurs avaient deux tuiles en main (c'est resté), et piochaient au début de leur tour une tuile au hasard. Ils devaient alors choisir laquelle des trois jouer. Puis, l'auteur a intégré dans la règle une variante suggérée par Bruno Cathala qui est celle de la pioche semi-ouverte. Celle-ci rend le jeu un peu moins hasardeux. Mais à deux joueurs, elle a un gros défaut : le joueur qui prend la tête peut s'assurer que son adversaire n'obtiendra jamais les tuiles de forte valeur. Du coup, Franz Gaudois a proposé une variante supplémentaire : "pioche sous influence" qui limite le nombre de tuiles de chaque valeur qu'un joueur peut ainsi acheter à la pioche. Cela permet effectivement au joueur en retard au score de pouvoir revenir dans la partie. Seulement à deux, cela se produit dans le dernier tiers de la partie, et il est presque trop tard. Le joueur en tête ayant en général conforté ses positions.
Selon le degré de contrôle que les joueurs souhaitent avoir, je vous conseille de jouer avec la première règle (pioche aléatoire), ou bien d'intégrer directement la variante "pioche sous influence" qui permet toujours de limiter la casse.
Enfin, au niveau de la réalisation, le bilan est plutôt mitigé : si le design des tuiles permet de plonger dans l'ambiance médiévale et facilite la lecture des tuiles, il n'en va pas de même pour le tableau des scores à la progression tarabiscotée, et aux jetons de points pour les baronnies qui ne suivent aucune logique dans leur numérotation bi-face. Bref, on perd du temps à trouver le jeton de la bonne valeur à chaque nouvelle baronnie.
Finalement, Baron est un excellent jeu tactique au design agréable. Mais, à deux joueurs, il ne pardonne aucune erreur, et une différence de niveaux entre les joueurs scelle la partie avant même de l'avoir commencée.
Guillaume LEMERY
Septembre 2007
Après 5 Ã 10 parties jouées
Merci à Tilsit pour m'avoir fait parvenir gratuitement un exemplaire de ce jeu.
