Ponte del Diavolo

Hommage à Alex Randolph
Il y a trois ans s'éteignait un des plus grands auteurs de jeux de société modernes, Alex Randolph. L'auteur de Ponte del Diavolo dit vouloir lui rendre hommage à travers ce jeu. Cela se retrouve dans le thème sur Venise, le placement des ponts (qui peut rappeler Twixt) et dans l'illustration de la boîte, où on aperçoit Randolph sur un pont.
La règle est simple, mais offre de grandes possibilités. A son tour, un joueur peut poser deux pions ou placer un pont. Les pions en jeu constituent alors des "bancs de sable" (s'il y a moins de quatre pions adjacents hortogonalement) ou des "îles" (quatre pions). Mais attention, une île ne peut pas toucher d'autre île ou banc de sable, même en diagonale...
Les ponts permettent de relier des îles et/ou bancs de sable entre eux. Ils ne peuvent cependant pas enjamber de pions, et il n'est pas possible de placer un pion sous un pont.
Quand les deux joueurs ne peuvent plus jouer, c'est la fin de la partie, et on procède au décompte des points. Chaque île isolée rapporte un point. Les îles reliées par des ponts rapportent un nombre de points qui dépend du nombre d'îles reliées (3 point pour deux îles, 6 points pour trois îles, 10 points pour quatre îles, etc).

 

L'avis de Guillaume

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un jeu abstrait parmi la production allemande, plutôt réputée hermétique à ce type de jeu (au niveau des principaux éditeurs en tout cas). Certes, il y a le thème de Venise, très présent sur la boîte, mais totalement absent ensuite dans le jeu. Ce qui nous donne d'ailleurs un certain décalage entre l'illustration et le matériel du jeu.
Au niveau du jeu, cela fait vraiment plaisir de retrouver un jeu abstrait qui demande une vraie réflexion. Voilà un petit moment que ça ne m'était pas arrivé, et j'avoue être tombé sous le charme.
Les tours sont tendus devant les nombreux choix possibles. Les joueurs doivent en permanence gérer au mieux leur espace et éviter de jouer leurs pièces trop rapprochées pour ne pas perdre bêtement des possibilités de création d'îles.
Bien que les joueurs n'aient que deux possibilités entre poser deux pions ou poser un pont, les choix sont difficiles. Et les ponts ne servent pas juste à relier des îles pour augmenter son score. Ils sont également un excellent moyen pour bloquer certaines cases à l'adversaire. Et il faut bien sûr anticiper ses coups. Et, du fait de la simplicité des choix à chaque tour, il est possible de calculer ses coups sur deux tours (sur trois, c'est déjà beaucoup plus difficile, face à l'étendue du plateau).
Enfin, côté présentation, rien à dire. Le matériel est de bonne facture, et le plateau en carton est une excellente idée pour ne pas faire monter bêtement le prix du jeu.

Ponte del Diavolo se savoure sans modération aucune. Certes, pour l'apprécier au mieux, il faut aimer la réflexion, mais le jeu n'atteint tout de même pas la complexité d'un Twixt et doit même pouvoir se jouer entre deux joueurs de niveaux sensiblement différents. Parmi la faible production actuelle de jeux à deux, Ponte del Diavolo mérite largement sa place dans votre ludothèque, et saura vous apporter de bons moments de réflexion.

Guillaume LEMERY
Juillet 2007
Après 5 à 10 parties jouées

Merci à Hans im Glück pour m'avoir fait parvenir gratuitement un exemplaire de ce jeu.

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