Leonardo da Vinci

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Dans les jeux de gestion sortis l'an dernier, Caylus semble avoir fait l'unanimité. Cette année, il a donc fait des émules, avec notamment Leonardo da Vinci, issu de l'esprit d'auteurs italiens, et qui est une version épurée.
Si je le compare à Caylus, c'est simplement car durant leur tour, les joueurs doivent placer leurs ouvriers à différents endroits de la ville pour pouvoir améliorer leur atelier, recruter de nouveaux ouvriers, acheter des ressources (cinq différentes) ou construire tout simplement. Mais ici, il peut y avoir sur chaque bâtiment des ouvriers de plusieurs joueurs. Simplement, celui qui a placé le plus de pions (ou le premier arrivé en cas d'égalité) pourra effectuer une première fois l'action gratuitement, pour les autres (jusqu'à quatre actions en tout sur un bâtiment), elles coûteront de plus en plus cher.
Les ressources obtenues permettent alors de réaliser des inventions dans les ateliers, qu'il est possible d'agrandir, et même de moderniser en ajoutant des automates. Ces oeuvres rapportent alors des points de victoire (qui servent aussi de monnaie) une fois qu'elles sont terminées, ainsi que d'éventuels bonus (réduction du coût d'autres inventions du même type, et points de victoire supplménetaires en fin de partie).
La partie se déroule ainsi sur neuf tours, mais attention, lors des deux derniers, il est seulement possible de réaliser des inventions.
Bien entendu, celui qui a obtenu le plus de points de victoire gagne la partie.
A noter qu'il existe une règle avancée qui permet aux joueurs de définir leur situation de départ, ce qui permet d'affiner sa stratégie.

 

L'avis de Guillaume

Comme souvent pour ce genre de jeu, la règle est touffue, mais après les deux premiers tours, elles sont toutes assimilées sans difficulté. Pour ce qui est ensuite d'appréhender le jeu et ses multiples choix, c'est autre chose. Car finalement, il s'agit d'un jeu d'optimisation, dans lequel il faut rationaliser ses dépenses (puisque l'argent compte aussi comme points de victoire), ses achats (ne pas acheter des ressources qui ne serviront pas avant la fin de la partie), ses investissements (ateliers, main d'oeuvre), et enfin l'ordre du placement des ouvriers. Bref ça fait beaucoup de choses à gérer, et beaucoup de choix à faire chaque tour. Surtout que c'est le genre de jeu où une erreur peut vite coûter cher, et laisser l'adversaire prendre une certaine avance.
A deux joueurs, les aménagements de règle sont faibles (réduction du nombre d'ouvriers et d'inventions à créer), mais suffisants. Le jeu est plus facile, puisque vous aurez plus souvent l'occasion de placer vos ouvriers en bonne position. Pour autant, il y a une bonne part d'interaction, et il faut savoir anticiper les actions de l'adversaire pour profiter de certaines opportunités de placement. Enfin, les parties sont assez rapides (45 minutes environ), ce qui permet d'y jouer assez régulièrement pour améliorer sa stratégie.
Mais justement, après une dizaine de parties, à deux, je crains que le jeu ne perde de son intérêt car les joueurs ont une stratégie rôdée, et ne se gênent pas assez pour que la production tourne à un bon rythme. Bien sûr, il restera quelques moments tendus, surtout dans les derniers tours, mais ce n'est pas suffisant.
Enfin, la règle avancée (qui permet de définir sa situation de départ en octroyant aux joueurs des points qu'ils peuvent dépenser pour améliorer leur atelier, recruter de nouveaux ouvriers, ou acheter des ressources) est limitée à deux joueurs, puisque une seule action est possible, contre trois à quatre joueurs. Ceci permet en fait de compenser les facilités de placement dans le reste de la partie, mais réduit les choix stratégiques lors de cette phase d'initialisation. A noter par contre, que le système peut être détourné pour octroyer un handicap dans le jeu afin de permettre à un joueur débutant de partir sur de meilleures bases (par exemple avec trois points) contre un joueur expérimenté (qui ne disposera toujours que d'un seul point).
Peu de points négatifs viennent ternir le tableau. On peut reprocher un graphisme plutôt moyen pour le plateau, sans que cela n'impacte le jeu. Par contre, les icônes retenues pour les ressources ne sont pas très explicites et représentées en trop petit sur les cartes Invention, ce qui peut prêter parfois à confusion. L'autre défaut vient dans l'arrivée finalement assez rapide des deux derniers tours, et mieux vaut y avoir été préparé (il est possible de réordonner les quatre premières cartes Invention de la pioche), car certains peuvent se retrouver à ne plus rien produire car ils n'ont pas les bonnes ressources en stock. Et puis, lors de la mise en place du jeu, la préparation de la pioche demande plusieurs actions successives dont on se demande l'utilité, tant on ne dépasse jamais la moitié de la pioche, même en fin de partie...

Bref, Leonardo est une heureuse découverte qui vous occupera quelques soirées, mais qui a une durée de vie plus limitée à deux joueurs. Néanmoins, le jeu mérite vraiment le détour, tant les premières parties sont tendues et riches en choix.

Guillaume LEMERY
Décembre 2006
Après 5 à 10 parties jouées

Merci à Tilsit pour m'avoir fait parvenir gratuitement un exemplaire de ce jeu.

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