London | |
La reconstruction de Londres
London est un des rares jeux de Martin Wallace jouable à deux sans adaptation de la règle (comme Age of Steam ou Brass).
Le thème principal tourne autour de la reconstruction de Londres après le grand incendie qui ravagea la ville en 1660, avec en fond la gestion de la population pauvre.
A travers des cartes qui représentent les nouveux bâtiments de la ville, les joueurs vont devoir accumuler des points de victoire tout en gérant leur argent et la pauvreté (qui vaudra un malus conséquent en fin de partie aux joueurs peu prévoyants).
L'avis de Guillaume
Il ya beaucoup de choses à dire sur ce jeu. S'il peut faire penser à des jeux comme Racefor the Galaxy pour la gestion des cartes, la pression qui s'exerce sur les joueurs tant au niveau de l'argent que de la pauvreté en font un jeu unique en son genre.
Les bonnes idées sont nombreuses. Citons notamment l'obligation pour les joueurs de bien gérer leur développement afin de ne pas subir la pauvreté (un peu comme les rats dans Notre-Dame ou la pollution d'Antiquity). Cela amène alors des choix permanents : il faut activer ses bâtiments quand on a peu de cartes en main; mais on a besoin de piocher des cartes pour pouvoir se développer; et investir dans la reconstruction des quartiers de la ville permet de réduire sa pauvreté tout en piochant des cartes; mais pour investir, il faut de l'argent qui ne s'obtient qu'en activant ses bâtiments... Et la boucle est bouclée.
La défausse est intéressante et n'est pas simple à gérer non plus, puisque toute carte défaussée redevient disponible et poura être piochée plus tard par un joueur (cela peut être vous, mais cela peut aussi être un adversaire...).
L'interaction est bien sûr présente, et notamment sur deux points essentiels : la défausse ouverte, qui permet à un joueur de pouvoir récupérer des cartes défaussées par l'adversaire, et la pauvreté, car elle peut générer un important malus en fin de partie. Il ya également quelques cartes qui ont un effet sur l'adversaire, mais elles restent anecdotiques.
La pioche est composée de trois paquets de cartes (A,B et C), et au cours de la partie, on ressent bien trois phases différentes : au début, les joueurs gagnent un peu d'argent qu'ils investissent dans les quartiers du centre pendant que leur pauvreté augmente fortement. Puis, l'économie se stabilise petit à petit et la pauvreté commence à régressser, avant la construction de bâtiments génerateurs de nombreux points de victoire (dont le métro).
De plus, le thème est assez bien rendu. Notamment grâce aux illustrations des cartes qui respectent l'art de l'époque, mais aussi à travers certains effets de cartes. Par exemple les Ecoles qui permettent de recycler les Pauvres (qui sont des cartes mortes en main et qui contribuent à augmenter le score de pauvreté d'un joueur), c'est à dire que par l'éducation, on réduit la pauvreté.
A noter qu'à deux joueurs, le jeu tourne bien. Les parties ne sont pas moins intéressantes ni plus courtes qu'à quatre, mais elles sont bien sûr plus contrôlables.
Du côté des regrets, citons une erreur dans l'aide de jeu en français (qui oublie de mentionner l'action "piocher trois cartes"), le côté jeu de cartes qui induit inévitablement un déséquilibre entre certaines cartes (non compensé par un quelconque coût) et du hasard dans la pioche, ce qui peut amener un joueur à avoir quelques difficultés pour poser son économie. (Heureusement qu'il y a les prêts pour se sortir des mauvaises passes). Enfin, les combinaisons de cartes couplées à la pression de la pauvreté peuvent rendre le jeu difficilement appréhendable aux néophytes.
Le bilan pour London est mitigé : certes le jeu est riche en choix et les mécanismes sont épurés (pour un jeu de Martin Wallace), mais il reste un jeu exigent qui ne conviendra qu'à des joueurs avertis.
Guillaume LEMERY
Novembre 2010
Après 1 Ã 5 parties jouées