Sorti voilà déjà près de deux ans, il est temps que je vous présente Agricola Terres d’élevage, petit frère de l’excellent Agricola, et jouable exclusivement à deux joueurs.

Par rapport à Agricola, comme le titre l’évoque, dans Terres d’élevage vous vous contenterez d’élever des animaux. Vous n’aurez pas à labourer et semer des champs ni à nourrir et faire prospérer votre famille. Le jeu se joue sur huit tours en un trentaine de minutes, pendant lesquels vous devrez gérer vos pâturages pour héberger le maximum de bétail (moutons, cochons, vaches et chevaux). En fin de partie, vous marquez un point de victoire par animal, plus un bonus si vous dépassez certains seuils (ou un malus de -3 si vous avez trois animaux ou moins).

On retrouve avec plaisir les mécanismes qui ont si bien marché dans Agricola. Avec notamment une gestion difficile des ouvriers pour optimiser ses tours. D’autant que le nombre d’actions possible n’est pas énorme, et que l’adversaire va vouloir les mêmes que vous (les ressources comme le bois, les animaux ou la construction des clôtures et des auges par exemple).
La pression n’est pas aussi forte, notamment car le problème de la nourriture ne se pose pas. Ici, la pression vient plutôt du cheptel toujours croissant et de la nécessité d’étendre ses pâturages avant qu’ils ne soient saturés, car sinon ce sont des points qui s’en vont.
Idéalement, il serait plus sage d’attendre d’avoir accumulé suffisamment de ressources pour lancer des aménagements de grande ampleur et de manière optimisée (notamment au niveau des barrières et de l’emplacement des bâtiments). Malheureusement, comme il n’y a que huit tours, et que les animaux se reproduisent assez lentement (par rapport aux points de victoire), il faut très rapidement être en mesure de les accueillir dans sa ferme. Mais cela veut dire qu’ensuite, il faudra gérer correctement l’extension des capacités de la ferme (notamment avec l’aide des auges et des stalles), avec des ressources limitées et sur lesquelles l’adversaire a également des vues.

Au niveau de l’interaction, celle-ci est toujours limitée au choix des actions disponibles, mais elle est suffisamment importante pour imposer aux joueurs de toujours conserver un œil sur le plateau adverse pour tenter d’anticiper ses coups et planifier les siens en conséquence.

Étrangement, sans même qu’il n’y ait d’élément de hasard, les parties se suivent et ne se ressemblent pas. Notamment car les joueurs explorent sans cesse de nouvelles pistes, et que les choix d’un joueur ont nécessairement des répercussions sur les choix de l’autre. Le choix en bâtiments est faible, mais cela permet au jeu de conserver sa simplicité. Et pour ceux qui en voudraient plus, il existe déjà deux extensions qui amènent de nouveaux bâtiments.

Qui dit simplification de la règle et du jeu, ne veut pas dire que le jeu est forcément accessible aux plus jeunes. Pour l’avoir essayé avec des enfants (moins de 10 ans), le jeu a conservé un certain niveau d’exigence dans l’optimisation des actions qui induit une pression que les enfants ne sont pas en mesure de gérer (j’en ai vu craquer et fondre en larmes parce qu’ils n’arrivaient plus à tout gérer).

Il n’est pas nécessaire de connaître Agricola pour apprécier Terres d’élevage. Le jeu plaira naturellement à tous les amateurs de jeux d’optimisation, tant la pression et la frustration sont présentes dans ce jeu. Et tous ceux qui ont aimé Agricola aimeront cette version deux joueurs qui offre l’avantage d’une boîte plus facilement transportable en voyage et aux parties plus courtes. Mais certains (comme moi) regretteront peut-être la perte de la (grande) variété de choix induite par les cartes Aménagement et Savoir-Faire qui ont disparu. Après quelques parties, ceux-là se tourneront vers les extensions de bâtiments pour renouveler leur expérience du jeu.

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